vendredi 24 octobre 2014

Je n'ai jamais touché mes orteils.


Il n'y a pas
une nuit avant de m'endormir où je ne cherche les mots que je voudrais te
je ne dis plus rien
pas une nuit avant de s'endormir où la gorge s'étrangle jusqu'aux yeux
c'est avec le corps que je pourrais te dire
avec le corps au millimètre au microgramme
je ne dis plus rien

en fermant les yeux je conclus par chaque « aujourd'hui tu n'as pas compris le monstre que tu es »

les paroles sont haïssables
il n'y a plus de/ux mouvements
le manque est un bras tendu où il est possible de voir la veine médiane se mouvoir saccadée essoufflée suffoquée à ne plus parvenir à joindre la basilique et la céphalique





125ème jour d'enfermement
les murs rentrent sous la peau
rien opère silencieusement tout





« Extermination camouflée. »
Dit-il.
« Vous avez une gardienne dans votre cœur. »
Dit-elle.
Les deux n'ont aucun rapport. Si ce n'est de chercher pourquoi l'avoir bien cherché.



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«
Par « alternatives infernales » nous entendons un ensemble de situations formulées et agencées de sorte qu'elles ne laissent d'autres choix que la résignation, car toute alternative se trouve immédiatement taxée de démagogie : « certains affirment que nous pourrions faire cela, mais regardez ce qu'ils vous cachent, regardez ce qui arrivera si vous les suivez. »
Ce qui est affirmé par toute alternative infernale, c'est la mort du choix politique, du droit de penser collectivement l'avenir. Avec la mondialisation, nous sommes en régime de gouvernance, où il s'agit de mener un troupeau sans le faire paniquer, mais sous l'impératif  : « Nous ne devons plus rêver. » 
» 

Isabelle Stengers
"Le prix du progrès"
p.127 - revue Jef Klak




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