lundi 23 septembre 2013

Alibis.


Tu avais les yeux d'un adolescent se sachant insouciant. On s'en mord les dents.
Et tu es une persistance rétinienne dans les veines. Que tu adviennes, que tu adviennes.







Suis dans le studio du journaleux qui me balance vite fait les thèmes qu'il voudrait que je développe, il me dit de patienter, il sort. Ou je ne sais plus dans quel ordre ses trois actions, je suis tellement bourlingué de fièvre que le vent dans l'arbre dehors cadré par sa fenêtre me parle mieux. D'une journée à pleuvoir des feuilles et à jouer à la pétanque avec les marrons du bitume. Les ai regardé-e-s minutieusement en arrivant jusqu'au studio, feuilles et marrons, ce sont de sacrées petites virgules d'automne.
Entre deux vents je me rappelle que le type voudrait que je parle « de la complétude » dans les rapports de corps handis-valides, je l'ai regardé avec l'énergie d'un chewing-gum. Le journaleux attend que je lui parle « du handicap », je ne lui en veux pas, mais j'aimerais tellement plus lui parler de comment la complétude peut s'infinir partout. Dans la danse qui parle les corps, dans l'automne qui est allé coucher l'été, dans les petites morts qui font une vie, dans la musique qui ose être concrète mieux que quiconque & quoi que ce soit.
À un moment de l'entretien le journaleux me dit que j'ai l'air en paix, apaisé. Je pense à l'aube de Marie R., un des rares derniers moments où j'ai vraiment souri. Je pense aux yeux tristes qui savent toujours sourire, par habitude, par invitation, par dédicace. Par exorcisme, peut-être. Quand les choses font très mal alors essayer de faire toutes les autres très bien, culbuto de vie.








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