jeudi 27 septembre 2012

Krank 2012.

Fièvre toute la nuit.
Douleurs diffuses permanentes.
Trachée commençant à s'infecter jusqu'aux poumons.

Ce matin au réveil pas possible musculairement d'avaler la salive trop épaisse/infectée. S'étouffer en ouvrant les yeux.
Aspect positif : ai une voix de baryton caverneux, aspect négatif : demain serai aphone.

Concrètement.
Un-e valide de 33 ans - "la fleur de l'âge" - lorsqu'il est malade il est malade, il se met en arrêt maladie et fait la loutre [existence de cette expression ?] dans sa couette.
Un tétraplégique/neuromusculaire de 33 ans - le pissenlit senior - lorsqu'il est malade il balise à bloc, il essaye de ne pas trop baliser à bloc en mimant la loutre, mais il balise dans sa couette et ses os.
Je me réveille en zombie ce matin pour rédiger la liste des mails d'annulations de rendez-vous pros, je ne sais foutre quoi inscrire comme réalité à peine compréhensible pour les destinataires valides, je tente un : « vu mes symptômes actuels je peux être indisponible une dizaine de jours ou bien plusieurs semaines avec hospitalisation ».

Et c'est la roulette russe qui commence.
Bastion pulmonaire à surveiller au maximum, le naze par excellence.
Sachant très bien que les 5 à 10 jours à venir vont être crescendo en infection fiévreuse, hell party is just beginning. Le frangin avait dit une fois « tu sais que c'est une guerre qui commence », ça paraissait presque ridicule mais... non. Je connais pourtant le bordel qui arrive, du mental qui va sous-tendre les questionnements : « ça s'aggrave là ou pas ? » doigts palpant le thorax pour sentir si infection de plus en plus basse, « antibios nébulisateur ou pas ? », « se faire hospit' là où pas ? », avec le reste de déductions grisâtres qu'il n'est pas nécessaire d'évoquer pour polluer le mental au Jour_1.
Jour_1. Toujours marrant d'écrire clairement le Jour_1 sachant qu'à J_5 je serai nettement plus défoncé et qu'à J_10 je respirerai à peine sans massages thoraciques toutes les 30 minutes et le mental qui commencera à nettement dérailler. Qu'est-ce que j'aimerais niquer la théorie, qu'est-ce que j'aimerais.

Ce qui est un peu fou c'est qu'avant-hier en marchant dans la rue d'un rendez-vous à un autre j'ai eu cette petite réunion
intime entre moi-même et lady SMA-II : « ok je suis fichtr' vieux mais toujours vivant et toi tu es de fait toujours là, non sans avouer que tu es sacrément fidèle en efficacité détériorative et moi terriblement coriace à mobiliser des ressources... Il se passe quoi, tu me laisses encore du temps ou bien tu finis proprement ? »


...
Bien, restons calme, se persuader que c'est toujours moi le décisionnaire. Même si c'est faux.
Bien, restons calme, la dernière infection a été niquée en un temps absolument record d'automédication - et fièvre tonitruante - de 7 jours.


 

Bob Flanagan was my god.



mardi 25 septembre 2012

Troisième abord.















Je suis resté halluciné devant ce bol vide je ne sais combien de temps. 
Je n'emmerdais personne, même pas le bol (j'espère), si ce n'est l'envie de lui susurrer « qu'est-ce que t'es beau ». Toutefois j'essaie de me retenir de parler aux objets.
Juste ce bol sur la table dehors, son bleu un peu écaillé, le vernis lumineux, et son vide qui propulsait de l'espace. Ne surtout pas le remplir.
J'ai regardé, regardé, avec véritablement la tête qui s'est mise à tourner par absence de perspectives et affluence de beauté inconnue.
















Mais je suis resté encore plus émerveillé samedi devant la page [gauche] d'une photo d'Ali Bosworth. C'est ce que j'ai retenu de plus beau du week-end. 
Le métal et le bois.
Le métal rectiligne et le bois curviligne.
Le tuteur artificiel et le poids naturel.
Prothèse botanique. (Et qu'est-ce que l'univers prosthétique est passionnant.)
De la teneur et de la pesanteur.
Et cette mousse, presque dégueulasse, absolument inutile, mais d'une douceur démente. Je ne sais même pas expliquer comment ce morceau de mousse m'émeut. Il ne sert à rien, sa fonction est quasi absurde, mais son intention est infiniment essentielle. 
Absolument cute = définitivement vital.
J'ai regardé et regardé cette photo tout le week-end, l'histoire qu'elle raconte est circulaire, universelle, et j'aimerais douce à quiconque°.

J'ai réfléchi à ce truc niais car galvaudé : il est tellement facile d'être beau/belle physiquement, fonctionnellement, « bienséament »... il est tellement rare d'être beau/belle jusqu'à l'âme, là où ça ne se voit jamais au premier ni au deuxième abord (il faut toujours un troisième abord, toujours). 

Jusqu'à l'âme : être artisanalement beau. Se fabriquer du beau aussi simple que pointilleux, aussi magique que réaliste, et pouvoir le fluidifier dans le sang/sens de °quiconque.
Peut-être que - presque - tout le monde essaie d'être beau/belle, s'agencer à l'être, plutôt que de se laisser l'être, d'accepter de le vivre. Je ne sais pas trop comment dire. Je crois juste que c'est un autre ruisseau de pensée en moi à voir tellement de gens chercher\/\chercher/\/chercher plus ou moins désespérément leur beau qui existe pourtant déjà en elleux et/ou juste autour d'elleux. 



... Mais bon je ne suis pas Yoda (bien que nos physionomies...), je n'ai aucune prédestination à triturer la métaphysique des culs planétaires, et je suis sérieux claqué de réfléchir à ce que foutent les autres de leurs vies ; ça m'ennuie comme si j'étais tout seul sur un terrain de basket, en chaussettes trouées et sans un ballon. 

Et c'est en cela que ce blog est un gros foutage de gueule donnant l'impression à des inconnu-e-s que je suis un être séraphique qui a un orgasme contemplatif à mater un panneau de basket avec son panier de décroché. Bah non, le Charles il a besoin de taper et lancer la baballe dans sa vie, voyez, genre du bitume, du dribble et de la sueur. Et à force qu'on le considère comme un fairy-boï il a envie de se dunker la gueule dans l'arceau.
 


Il y a quoi qu'il en soit toujours des balades.














samedi 22 septembre 2012

Crave, crève.


J'aurais voulu que la sage-femme, en me prenant dans ses mains chaudes que je rendais gluantes, me chuchote à l'oreille « je te préviens, il n'y aura pas de douceur pour toi ». Qu'elle m'informe que je me ferais tabasser la tronche toute l'enfance et que je me ferais tabasser l'âme toute la vie d'adulte.
Alors j'aurais signé mon premier-dernier acte d'élégance en faisant du cordon ombilical un joli noeud papillon (bleu lavande) que j'aurais serré serré serré prestement. Révérence, merci-bisous guys j'ai vu la lumière quelques minutes, belle vie à vous.




Aucun doute que l'intérieur de mon coeur est tapissé de William Morris.




This guy was once quite smart, then he felt in (so-called) love or in something deeper than the wood founded in the dreams of the cutest kid. And his flesh became a leather dress made of ether, he drifted apart as a shadow of the humanity he can't act anymore. People praised him to lIve, but he lived so intensely before that at this time he just wanted to lOve, to loose the ego-I and to switch it in a sweet O_ther. But he failed, dumbassing beauty and insulting joy.


dimanche 16 septembre 2012

Endimanché.


Me suis dit que les pixels sont la poussière contemporaine.

Me suis demandé sous la douche (crazy thinking zone) si les orteils ne seraient pas de secrètes petites poches de cervelle. Et que marcher, se balader, assure un massage intellectuel.

Mon cerveau a dit hier : I know I'm not the boï my parents, my lovers, even my friends dreamt of. I think I just don't fit in dreams.

(Ana Arellano, "The Road to Santiago" : .../... You don't fit in dreams. / You are pure reality. .../... Life and its roads begin in you. Yours each being, made of footsteps and saints. Violent hurling of Vows / youthful challenges, falters of the faithful embracing the Saint tomb of pasts.)

Me dit que l'été de septembre est mon préféré. Je n'ai jamais compris ce que signifiait/était l'été indien et j'ai décidé il y a longtemps que cet été de septembre était mon été indien, celui qui se cache des cow-boys arrogants et qui sait faire du chaud et du frais une sensation magique, une légende naturelle discrète.


*


Me dis que j'aurais mieux voulu connaître mon grand-père, très rare regret familial. Ça fait plusieurs dimanches que je pense à lui, parce qu'il était beau le dimanche, il se faisait beau, de l'élégance touchante d'un pauvre (un mineur). Je me rappelle que petit je m'étais vraiment dit vouloir que tous les jours soient un vestimentaire de dimanche.
Mon grand-père m'offrait une consolation au milieu de la forte beaufitude des hommes en jogging(-TF1) de la famille. Les beaufs ne cherchent pas à être élégants, ils cherchent à être clinquants à la va-vite imposante, ça fait partie du folklore grossier, et de l'urgence de se faire une place dans un monde qui n'en laisse pas. Je sens de plus en plus que j'ai manqué d'un apprentissage à l'élégance, ne serait-ce qu'une inspiration ; élégance que je chéris avec il me semble une émotion toujours enfantine. Et je pense que mon grand-père a été la seule et unique - courte - introduction à cela, m'induisant notamment qu'en ayant très peu de fric il est possible de se concentrer à la beauté et l'agencement des étoffes, des matières, des gestes, des attitudes. (Le problème d'un autiste étant qu'il sait être profondément ému mais sait rarement quoi faire avec ses émotions ==> un sac à patates rêvant d'être un époustouflant stylo plume.)

Je me suis aussi dernièrement pas mal demandé comment ce grand-père me percevait. J'ai toujours secrètement pensé qu'on se ressemblait, notamment dans l'humour absurde & doux. Dans sa façon de rester assis de longues heures sur son banc ou dans sa cabane (sa cabane... nul doute qu'elle a fait naître les miennes) à sembler réfléchir à des indicibles. Il ne me regardait pas comme mes frères je crois, il me regardait - timidement, je connais en moi ce regard - avec une tendresse spéciale et une profondeur de toboggan mystérieux.
Qu'est-ce que tu voyais de moi Pépé, j'aimerais tellement le savoir aujourd'hui, et que tu me dises comment être un gars bien...
Je ne t'ai quasiment pas parlé, je t'ai énormément regardé mais pas assez parlé, parce que la violence familiale était telle que le répit du silence était tout ce qui m'évitait de crever sur place ; et tu savais accueillir ces silences, tu savais offrir de ces rares présences silencieuses. J'ai maintenant beaucoup de silence/s dans ma vie, assez pour avoir la place de discuter avec toi de quelles bretelles avec quelles chemises, de cabanes en bois formidables, de jardinage, et de pourquoi le monde est si étrange. 


samedi 15 septembre 2012

Just fuckin miss you.

And you just miss it.
You miss it so well.

You know headaches are sometimes just flowers-minded to you.
You know sometimes I'd like so much just to river and sea you that my skin sweats and sweats a deep lake where we could smile some blue clouds.
I don't know anymore what is a fish and a bird, you made something nameless in my life between swimming and flying.

Hurt people don't hurt M., hurt people are the most delicate fully alive creatures, talking with the sunlight, arguing with the wind and healing with the stones.
You poured an ocean in a tiny soul. Are you still a sailor?

vendredi 14 septembre 2012

Non mais Paul t'es juste trop con.

Pôle Emploi me fait migrer vers leur structure spéciale handicaps, « Cap Emploi », déjà rien que le nom ça promet.
Au téléphone ce matin avec ma future conseillère ça promet de la migraine intensive. J'ai beau lui dire que je sais me déplacer en transports en commun, no big deal, elle insiste trois fois à m'expliquer grosso modo comment fonctionne un trajet en bus. Ça promet sa claque.

Le pompon est le dossier que je dois remplir avant mon entretien. Ça promet du grand n'importe quoi. Je soumets ci-dessous les meilleurs passages.
Pour la 7ème section « tolérance d'ambiance » (on dirait le nom d'une vieille discothèque 80's), j'avoue que ça me donne l'envie de virer collectionneur à trouver des personnes ayant coché la volonté de travailler à la chaleur autant qu'au froid et à l'humidité, au bruit, sans oublier la poussière et les irritants respiratoires... J'épouse sur-le-champ ce/tte TropCapEmployé/e.

Je ne sais pas comment je vais garder mon sérieux durant l'entretien lorsque la conseillère va analyser le dossier... Ça promet ma radiation.






lundi 10 septembre 2012

Encadré bleu.

Je fais le trajet aller-retour du bus 56 une à trois fois par jour. J'ai l'impression de le connaître par coeur, et j'aime l'apprendre, dernièrement je mémorise/scanne les fines parties manquantes des arabesques de la ferronnerie d'un long balcon. Ce trajet 56, l'impression du « connaître par coeur » : cette expression m'a toujours fait penser à la face cachée de la Lune, ce qu'on connaît par coeur pourrait être la face visible du coeur, il y a toute une partie qu'on ne connaît pas. Et ça me plait, c'est intriguant, j'espère que ça pousse à vivre. {Qu'est-ce qui pousse chacun-e à vivre, qu'est-ce qui pousse...}

De ce trajet en bus je passe devant la petite boutique artisanale de tapisserie, l' « Atelier de Charlotte ». Je ne connais pas Charlotte, j'essaie de l'apercevoir travailler ou fumer sa clope durant ses pauses, mais j'adore l'artisanat du tapis, et les tapis. Souvent je me dis en passant devant son atelier « at least, j'épouserai Charlotte », souriant de ma débilité empaquetée de crédulité.
Charlotte la parfaite inconnue est montée dans mon estime fantasmatique la semaine dernière, pivotetement partiel de la Lune. Par l'exposition dans sa vitrine de cet inattendu mini tapis qui coûte la maxi peau de mon cul (150 €) mais me ravit :


La photo n'est pas de bonne qualité visuelle.

Si j'étais riche je ne serai probablement pas à écrire ce début de phrase, mais le tapis serait mien.
Et à vrai dire la beauté de ces deux oiseaux me comblerait peut-être plus que d'épouser Charlotte, je devrais alors lui expliquer que les objets me font globalement bien plus vibrer que les humain-e-s... Probablement qu'elle me demanderait de lui expliquer pourquoi, comme je la considère intelligente je le lui expliquerai doucement, comme je l'imagine sensible il s'avérerait que je serai honnête et qu'en fait tout le long de mon explication ce qui transparaîtrait le plus c'est que j'aime terriblement les humain-e-s, que mes mots se protègent de l'humanité mais jamais mon âme.



*


Humanités du jour :

z/ Discuter avec le régisseur de la Boule Noire qui se démène pour trouver un accès en fauteuil (enfin, c'est tout d'abord moi qui me démène, comme d'hab) m'entraîne une forte poussée de misogynie envers les créatures féminines de l'accueil et la directrice.

y/ Le con de libraire qui ne fait pas d'efforts d'accessibilité au moins pour le rez-de-chaussée de sa librairie, à qui j'achète pourtant depuis le trottoir un bouquin, et qui annonce tout fier m'avoir fait une remise du fait de l'inaccessibilité de son commerce : 0,30 € la remise. La bonne conscience du valide (qui évite par la même occasion de vraiment agir sur le problème)

v/ La société ferroviaire allemande qui ne démord pas de ne pas vouloir appliquer la gratuité du billet de mon ADV parce que je ne suis pas un « handi allemand ». Et l'Europe, bordel... + Sans explications claires : l'handi doit payer 20 € supplémentaires pour la cabine couchette, comme ça, 20 € wefuckyousoeasy...

lundi 3 septembre 2012

« Mettez des chaussures ! »

Entendu aujourd'hui,
dans la rue [boulot de tournage du docu de Gabrielle], en passant devant la (cheap) salle/usine de sport de mon quartier,
deux vieilles dames en jogging apparemment clientes du lieu, l'une d'aviser l'autre :

« moi je vous dis vraiment mettez des chaussures en allant à la douche, car voyez-vous les hommes utilisent également ces douches... [regard insistant] donc par terre dans ces douches, hein, si les hommes y vont... mettez de chaussures ! »

J'ai adoré.

*

Bis. Entendu aujourd'hui, durant une pause taf.



Happé (le texte & la voix, oh god, la musique, oh goddess).
Apnée cardiaque.

dimanche 2 septembre 2012

Parce que C.



Parce que c'était classe que tu prennes spontanément ce train depuis Paris pour qu'on aille à l'océan, « même un aller-retour dans la journée, je viens ».
Parce que je ne t'ai pas dit que j'ai eu l'impression de mon seul jour de vacances depuis l'été.
Parce que tu prouves que l'amitié peut exister même avec ma connerie.
Parce que Duras a raison autant qu'elle a tort.
Parce que je me suis demandé lorsque nous étions assis-e-s longtemps sur le sable si tu savais que je pensais à lui, et parce que ça me rassurait que tu ne m'en veuilles pas d'être silencieusement triste.
Parce que se foutre de la gueule du serveur lorsqu'il annonce les spaghettis aux moules.
Parce que tu imites drôlement bien les mouettes et les moustiques qui t'attaquent.
Parce que tu aimes marcher longtemps dans les rues.
Parce que tu m'as fait sourire avec ton « cendrier de plage » (parce que tu es terriblement parisienne :)).
Parce que tu fumes trop et que ça te va bien.
Parce que j'aime comment tu aimes V.
Parce que je retiens les lumières de New York.
Parce que je me suis demandé si tu souris aussi en dormant.
Parce que tu as honte de ta dyslexie orale que je trouve magique.
Parce que tu me ramènes au petit-déj un Opuntia quand je te demande avec mes yeux rougis une lobotomie.






par C.