jeudi 30 août 2012

Pourpre ?


Ma tête explosera en plein de gouttelettes d'or.
On verra alors qu'il n'y avait pas de cerveau dans ce crâne mais énormément de fleurs. Des senteurs qui souriaient avec des couleurs. Des pétales qui s'étaient tatouées quelques promesses chevaleresques.
On verra aussi qu'il n'y avait aucune serrure dans mes yeux, que tout était ouvert, que tout pouvait être vécu librement.
On constatera que j'avais échafaudé tant bien que mal mon estime bien plus pour accueillir celles des autres, et que les échafaudages étaient en réalité des barques pour aller sourire de jour comme de nuit.
On examinera que le revêtement de la caboche interne ne présentait quasiment aucune insulte, très peu de rancoeurs. Tout avait toujours été soigneusement lavé de douceur par le propriétaire féru de la moindre beauté qu'il avait sue de mieux en mieux faire escrimer avec toutes les saloperies possibles.
Il ne faudra pas oublier d'embrasser son sourire en coin pour pouvoir lire chuchoté à même les lèvres « j'ai essayé ».




mardi 28 août 2012

dimanche 26 août 2012

jeudi 23 août 2012

μετά


« Je découvre tous les jours des choses toujours plus belles. C’est à en devenir fou, tellement j’ai envie de tout faire, la tête m’en pète. »

-- Claude Monet
1864, lettre à Bazille



ai repensé à la dopamine. Et à la musique. Nul doute que la musique me fout dans des états hautement rares.
Il y a une époque de ma vie où j'avais voulu décréter si le plus intense était des (pré-)orgasmes avec une personne que j'aime ou bien des écoutes musicales : autant l'un que l'autre, les deux situations me produisent une élévation physique & psychique. Mis à part que la musique est une addiction beaucoup plus commode et généreuse.

En parfaite phase musicale j'ai toujours ressenti cette sorte de boom d'accélération où je peux réfléchir et capter 3 fois plus vite [capter³] ce qui se vit. Désavantages : je suis survolté, nerveux, absolument intouchable, total crevé ensuite... Avantage : je deviens un sonar à toutes formes existentielles, je perçois toutes les matrices. Hier durant cette phase j'ai réfléchi à toute allure nettement plus finement à des milliards de choses, et j'étais dans un lieu urbain où j'ai capté énormément de cadrages photographiques ; une machine à détection du m/ondes, un courant électrique supersonique et non plus un individu poussif. Effets secondaires : envie de vomir, migraine, tremblements (que je gère désormais nettement mieux).

J'ai vu ce type faire du jogging dans l'enceinte du CHU, habillé en SuperJogger 80's, c'était parfaitement décalé... l'ambiance lourde de l'hôpital, les sillons de mouvements grabataires des malades, le manège funèbre des ambulances, et ce gars lustré qui file en foulée dynamiques et musclées au milieu de tout ça. Il était fameux, transcendant.
Je me sens ainsi quand je suis high en musique, je fonce quoiqu'il soit du présent, je le dépasse sans préméditation. Je peux alors saisir les molécules les plus faibles pour les combiner avec les plus puissantes, leur développer d'autres potentiels. La musique comme véritable dopant de conscience augmentée. Non pas du sur-homme (Nietzsche t'es mignon mais bon) mais de la méta-conscience, saisissable par quiconque sachant s'injecter du plaisir.

*
 

J'ai eu le droit au rendez-vous ophtalmologique à ces gouttes dans les yeux de que je n'aime pas, si je suis perturbé au niveau visuel tout mon système auditif se met à excéder et je deviens encore plus ultrasensible des sons, autant que je ne comprends plus l'équilibre des mouvements, la donnée du temps et des distances, etc.
Je demande à l'ophtalmo (gentille) si je peux éviter les gouttes cette fois-ci, « j'ai l'air d'un vrai gamin mais je le suis, je n'aime pas l'effet... ». Elle me persuade d'en mettre, « en plus vous avez des yeux vraiment clairs, du coup une petite dose suffira ». Là je lui dis « ah oui j'ai les yeux clairs alors ? », elle me regarde étonnée « vous ne connaissez pas vos yeux ? », je réponds spontanément « un peu, si, je les ai vus il y a quelques semaines à mon anniversaire », réalisant que je passe pour un barjo... j'essaie de rectifier la connerie « en fait je ne me regarde pas beaucoup, du coup je ne connais pas très bien mes yeux ». « Eh bien sachez qu'ils sont clairs. »
Clairs à tel point que les pupilles seront chimiquement aisément ouvertes et une fois à l'extérieur ce sera l'offensive maximum de la lumière du soleil, même en lunettes de soleil. Je me suis posé à une terrasse en essayant de regarder les passant-e-s, avec une vision très floue, saturée et vibrante en balances des blancs. Et j'ai aimé terriblement ce que j'ai vu : l'indistinction des genres des gens, ce que j'apercevais pour une fille élégante se révélait en fait peut-être un gars aux cheveux longs, et ce gars d'une classe finement masculine se dévoilait peut-être une fille. Variations croisées. 



lundi 20 août 2012

"Neither More nor Less"


J'écoute Tim Hecker je veux intensément un concert de lui sous la pluie maintenant je veux ne plus me nourrir et seulement rire je veux être fort sans m'écraser et caresser sans toucher je veux que le vent écrive des lettres chuchotantes aux nuques je veux que sueur et pleurs s'assèchent en brindilles transparentes je veux me barrer loin de moi vers toi je veux travailler comme un acharné jusqu'à que des cornes poussent je veux du bois musical en symphonie de forêt à tout jamais je veux m'endormir sous l'eau avec la promesse du beau je veux saigner du velours et réchauffer tous les rêves des gens qui valent la peine de discuter avec un violoncelle pour l'écouter raconter ses vibrations je veux que les utopies soient des poèmes que tu saches sourire je veux des os heureux en moelle de cristal liquide je veux me poser sur la plage et savoir que personne ne s'est trompé et être con sans jamais s'en douter je voudrais que tu t'aimes bien avant l'heure.



samedi 18 août 2012

Radeau.



Robert Sherer
"In the Wake"
pyrogravure sur bois


samedi 11 août 2012

Triangle (sans hélium).


À propos de ce que j'ai écrit hier, du « gardien intellectuel » qui serait un garde-fou, un métallurgiste qui colmate de mieux en mieux les brèches : il ne me protège pas de vivre, il ne m'empêche quasiment jamais. Il semblerait que son rôle ne soit pas d'établir avant que je vive quelque chose s'il doit en laisser l'accès ou non. Il me laisse libre.
Ce serait bien plus un panseur... et penseur d'ailleurs. Il réfléchit comment intelligemment panser les fêlures que je me suis entraînées en vivant. De cette impression qu'il ne fait pas que réparer, il travaille à renforcer chaque casssure. Non pas non plus à m'armurer, à vouloir me rendre invincible (inaccessible) en me protégeant/cloisonnant d'une lourde carcasse, mais en installant des alliages et des matériaux de réparations de plus en plus solides et légers, me permettant d'être nu et tenace, mobile et vif aux émotions.
Il me prépare à aimer, pas à guerroyer.

vendredi 10 août 2012

Pour des variations correctement étalonnées.

J'ai lu hier une femme expliquer que son compagnon - qu'elle ressent superbe humainement - a mis 12 ans pour se trouver intimement lui envers lui, se comprendre.
J'ai eu un double vertige (> dépesanteur) : a) wow 12 ans c'est terriblement long, b) mais à vrai dire ça vaut tellement le coup.
J'avais soudainement envie de rencontrer ce type, lui poser plein de questions, d'écouter quels ont été ses doutes sombres et quelles ont été ses accroches libératrices.

J'ai eu 33 ans.
J'ai beaucoup pleuré. Doucement, presque lentement, chez moi, en marchant dans la rue, à une terrasse de café.
Aussi dans un ascenseur qui montait 34 étages avec quatre personnes inconnues, j'étais devant le miroir de l'intérieur de la cabine, je me suis regardé fixement pendant plusieurs dizaines de secondes, pendant que les autres personnes discutaient à tout-va. J'ai cette « propriété » depuis toujours d'avoir un mal fou à comprendre que c'est moi dans le reflet d'un miroir, c'est à peine explicable, je dois faire des efforts bizarres pour assimiler qu'il s'agit de qui je suis de chair. Hier ce fut étrange, j'ai compris un peu plus rapidement que c'était moi (grâce à la géométrie cubique réduite de la pièce ?) et, j'espère sans narcissisme exacerbé, j'étais étrangement captivé par mon regard, par la couleur claire de 'mes' yeux ou je-ne-sais-quoi de doux & perçant à la fois. Et sans m'en rendre compte mentalement j'ai vu ces yeux se remplir de larmes. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà « vu-e » au commencement de pleurer, mais c'est une intimité troublante.
J'ai regardé ce 'moi' pleurer délicatement, les yeux passés du verdâtre cristallin à de l'injection rouge. En 'me' questionnant : pourquoi p'tit con tu n'arrives plus à vivre et pourquoi tu n'arrives pas pour autant à mourir, qui es-tu à ne pas savoir vivre alors que tu as ces yeux aussi vivants ?

Ai statué hier que se suicider est contre mes principes intellectuels.
La chouette psy n'arrête pas de me demander d'ouvrir mes émotions plutôt que de ne me référer qu'à mon intellect. Je veux y arriver, si ce n'est que cet intellect est mon plus puissant garde-fou, c'est un gardien qui sait faire couler du métal dans mes fissures les plus fragiles. Un gardien qui au fil des années gagne fabuleusement de plus en plus de faculté, d'habilité, et de partage.

Le temps. Ne pas arrêter le temps, plutôt en faire la plus grande acceptation.
Même une acceptance, pas la notion anglaise de psychologie mais la notion francophone de physique ==> que tout contribue en réalité perpétuellement aux flux. Que même si le temps actuel me paraît aux trois-quarts inerte ce n'est pas moi que je dois rendre mort, il y a quelque chose qui « flux » fort en moi ces derniers mois, et qui doit croire en une quelconque réalisation future.
Tout se travaille en silence, en discrétion, et donc en délicatesse. Le temps serait cette universelle gigantesque délicatesse.

Je vais y arriver. Je ne vais pas me laisser d'autre choix.
Chaque petite mort rend peut-être moins mort (ou immortel).
Actuellement je nettoie de fond en comble la crasse des innombrables peurs, je sens que j'ai quasiment fini. Je vais ensuite essayer de mieux rouler une pelle au temps. Je vais attendre l'automne sagement, assis au parquet à mater la fenêtre, je pisserai encore du coeur s'il le faut, mais je vais préparer le plus de chaudoux possible le temps du temps.

dimanche 5 août 2012

Bradycardia for sweet apneist night.

Parce que ça fait du bien là maintenant.
En rentrant, au radeau.



(Merci d'être doué, de ne pas le gâcher.)