vendredi 10 août 2012

Pour des variations correctement étalonnées.

J'ai lu hier une femme expliquer que son compagnon - qu'elle ressent superbe humainement - a mis 12 ans pour se trouver intimement lui envers lui, se comprendre.
J'ai eu un double vertige (> dépesanteur) : a) wow 12 ans c'est terriblement long, b) mais à vrai dire ça vaut tellement le coup.
J'avais soudainement envie de rencontrer ce type, lui poser plein de questions, d'écouter quels ont été ses doutes sombres et quelles ont été ses accroches libératrices.

J'ai eu 33 ans.
J'ai beaucoup pleuré. Doucement, presque lentement, chez moi, en marchant dans la rue, à une terrasse de café.
Aussi dans un ascenseur qui montait 34 étages avec quatre personnes inconnues, j'étais devant le miroir de l'intérieur de la cabine, je me suis regardé fixement pendant plusieurs dizaines de secondes, pendant que les autres personnes discutaient à tout-va. J'ai cette « propriété » depuis toujours d'avoir un mal fou à comprendre que c'est moi dans le reflet d'un miroir, c'est à peine explicable, je dois faire des efforts bizarres pour assimiler qu'il s'agit de qui je suis de chair. Hier ce fut étrange, j'ai compris un peu plus rapidement que c'était moi (grâce à la géométrie cubique réduite de la pièce ?) et, j'espère sans narcissisme exacerbé, j'étais étrangement captivé par mon regard, par la couleur claire de 'mes' yeux ou je-ne-sais-quoi de doux & perçant à la fois. Et sans m'en rendre compte mentalement j'ai vu ces yeux se remplir de larmes. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà « vu-e » au commencement de pleurer, mais c'est une intimité troublante.
J'ai regardé ce 'moi' pleurer délicatement, les yeux passés du verdâtre cristallin à de l'injection rouge. En 'me' questionnant : pourquoi p'tit con tu n'arrives plus à vivre et pourquoi tu n'arrives pas pour autant à mourir, qui es-tu à ne pas savoir vivre alors que tu as ces yeux aussi vivants ?

Ai statué hier que se suicider est contre mes principes intellectuels.
La chouette psy n'arrête pas de me demander d'ouvrir mes émotions plutôt que de ne me référer qu'à mon intellect. Je veux y arriver, si ce n'est que cet intellect est mon plus puissant garde-fou, c'est un gardien qui sait faire couler du métal dans mes fissures les plus fragiles. Un gardien qui au fil des années gagne fabuleusement de plus en plus de faculté, d'habilité, et de partage.

Le temps. Ne pas arrêter le temps, plutôt en faire la plus grande acceptation.
Même une acceptance, pas la notion anglaise de psychologie mais la notion francophone de physique ==> que tout contribue en réalité perpétuellement aux flux. Que même si le temps actuel me paraît aux trois-quarts inerte ce n'est pas moi que je dois rendre mort, il y a quelque chose qui « flux » fort en moi ces derniers mois, et qui doit croire en une quelconque réalisation future.
Tout se travaille en silence, en discrétion, et donc en délicatesse. Le temps serait cette universelle gigantesque délicatesse.

Je vais y arriver. Je ne vais pas me laisser d'autre choix.
Chaque petite mort rend peut-être moins mort (ou immortel).
Actuellement je nettoie de fond en comble la crasse des innombrables peurs, je sens que j'ai quasiment fini. Je vais ensuite essayer de mieux rouler une pelle au temps. Je vais attendre l'automne sagement, assis au parquet à mater la fenêtre, je pisserai encore du coeur s'il le faut, mais je vais préparer le plus de chaudoux possible le temps du temps.

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