lundi 2 avril 2012

La chance du bleu puissant.

D'un simple rendez-vous chez une nouvelle ostéopathe de ce côté atlantique (et j'ai réalisé : que cet ostéopathe motard et grenoblois était doué ces dernières années...) je suis sorti accablé.
De 40 minutes de douleurs lancinantes me rappelant en stroboscope les salles-cubes de torture « kinésithérapeutique post-opératoire » de l'enfance. 40 minutes de plafond, de sueur océanique, de mâchoires serrées, de cris échappés... Nous avons arrêté le travail lorsque j'ai indiqué que je n'étais pas loin de m'évanouir ou/et de vomir.
L'ostéopathe était une mauvaise praticienne ? Je ne crois pas du tout. Elle était aussi persévérante que désolée, désolée de constater que l'étude qu'elle devait faire à mon genou gauche bien de trop douloureux dernièrement a en réalité démontré que tous les muscles de ma jambe et de mon pied sont en piteux état. Honnête elle m'a dit avec douceur « ce n'est pas étonnant avec votre pathologie et... votre âge... ».

Je le sais.
Et pourtant c'est parfois insupportable.
Je me suis demandé si j'avais encore de véritables muscles, plutôt que ces lanières sèches et douloureuses à la moindre pression, ces nécroses embrassant les os qui s'effritent. Je me suis demandé comment tout ce corps pouvait continuer continuer continuer à mourir de l'intérieur aussi discrètement, aussi efficacement. Je me suis demandé si je devais me scandaliser, me révolter, exiger de véritables 32 ans.
En sortant du cabinet, en prenant le soleil urbain en pleine gueule sur le trottoir, j'ai plutôt eu envie de chialer. D'une rage millénaire. De ce trait d'union de la douleur physique de l'enfance jusqu'à maintenant, et de sa douleur mentale ; chacune bien emballée dans leur petit silence, dans leur grande discrétion hypocrite de « la vie qui continue ».

Par chance je n'ai (toujours) pas réussi à pleurer, je titubais plutôt.
Par chance j'ai titubé par terre sur le bitume sur une petite étoile en papier brillant. Même plusieurs, se prenant elles aussi le soleil en pleine face, le réfléchissant bleu, bleu puissant.
Par chance j'ai alors ressenti un Prince. Un Prince sorti de nulle part, si ce n'est peut-être d'une étoile, bleu puissant.
Par chance je me suis mis à redescendre les rues de ce quartier que j'aime, provoquant le croisement de ce drôle d'appartement bleu qui m'attire de plus en plus.

Par chance aujourd'hui l'appartement bleu magique était absolument inouï...



précision : le superbe chat roux respirait très paisiblement ;)


J'ai souri.
Et je n'ai plus arrêté de sourire.


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